dimanche 22 février 2009

Pourquoi les banquiers sont nuls... ou pas !


L'hebdomadaire l'Express a publié le 10 février tout un dossier intitulé "Pourquoi les banquiers sont nuls". Voici un florilège des titres des articles : "Les banquiers de la honte", "Les sept péchés capitaux des banquiers", "tarifs bancaires : faire banquer le client"...

D'accord, d'accord, on sait : la crise économique est arrivée par les banques, les banquiers, les traders... Mais cela vaut-il le coup de s'éterniser sur des lynchages successifs ? D'autant que chaque semaine qui passe révèle une autre "affaire" (Madoff, Stanford, rémunération des PDG des banques...). Car, franchement, ce genre de dossier n'est qu'un pur lynchage médiatique. Attention, je ne remets pas en cause la pertinence d'un tel dossier : moi aussi je m'insurge devant l'attitude d'un Georges Pauget qui non seulement n'a rien compris à ce que révèle la crise, mais en plus maintient une posture mêlant arrogance et condescendance. Monsieur Pauget, il est facile de se retrancher derrière l'argument du ressenti pour ne pas développer un autre type de relation avec vos clients (qu'ils soient particuliers ou entreprises), sous prétexte que ce n'est pas rationnel et que donc, j'imagine, vous considérez que "ça va passer".

Mais je m'interroge sur le jeu que joue l'Express - mais également les media en général -. Vus son audience et son tirage, l'Express dispose d'une certaine caisse de résonance. Le magazine répond-il à des objectifs de rentabilité en constituant un dossier qui fait vendre ? Ou répond-il à une exigence "d'information du public" ? Il s'agit là d'une question rhétorique : j'ai mon idée sur la question. Car l'Express a souhaité réaliser un - je reprends ses termes - "Petit tour d'horizon de leurs [les banquiers, ndlr] turpitudes... pour que chacun, quand même, en tire les leçons". Je vous encorage à aller jeter un coup d'oeil au dossier et vous me direr où sont les leçons à en tirer ainsi proposées.

Il serait grand temps, je pense, que les média adoptent une posture responsable et effectivement contribuent à élaborer une réflexion commune sur un sujet sociétal sur lequel les banques peinent à développer leur pensée - pour autant qu'elles en aient une, je le concède. Je suis allé voir un haut responsable d'un grande banque la semaine dernière pour justement me rendre compte de l'état des discussions en interne. Je suis ressorti de l'entretien avec un sentiment partagé : le responsable qui ma reçu m'a paru serein, totalement au fait des enjeux qui dépassent strictement le cadre de la crise et s'efforçant de faire passer des messages forts mais peu évidents pour des banquiers habitués à des pilotages sur le court terme, à des abstractions et à voire la réalité à travers le prisme des chiffres. Mais, il m'a semblé également quelque peu résigné à ne pas voir de changement dans la manière dont sa hiérarchie envisage le rôle des banques dans la société, du moins dans le court terme. Or, il est persuadé que les banques doivent très rapidement prendre l'initiative pour proposer des alternatives et fournir du sens.

Messieurs et Mesdames les journalistes, vous pourriez faire votre travail en amenant de manière constructive des sujets capitaux à l'attention des banquiers. Au lieu de leur taper dessus, meilleure façons pour qu'ils se braquent. Ne vous érigez pas en Saint-Just pourfendeurs des banques - on sait où une telle attitude a mené -, mais remettez le débat dans son contexte sociétal. Mais cela pose la question plus vaste de la formation des journalistes et de la population à l'économie - sujet dont Mayeul sur le blog, est assez familier.

Matthieu

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Les banquiers ont tendu voir donné le bâton pour se faire battre par des actions totalement irresponsables... il ne faut pas s'étonner aujourd'hui qu'ils se prennent des coups de bâton.

L'Express a raison. N'essayez pas de défendre des attitudes irresponsables qui relévent plus de l'attitude de certains banquiers

Anonyme a dit…

Matthieu vous êtes trop modeste. Pourquoi demandez-vous à l'Express de changer de stratégie commerciale. Les marques de presse sont en train de perdre un lectorat qui vient en ligne pour trouver des points de vue d'experts libres de paroles. Il leur reste les moyens de réaliser des enquêtes dont les résultats ne sont pas toujours vendeurs. Vous avez des blogueurs qui possèdent trois fois l'audience du Parisien ou de l'Express. C'est pour cela que beaucoup de journalistes ouvrent leur blog pour anticiper cette révolution lente.
Dites-nous ce que vous pensez pour ouvrir des débats mais ne faites plus le courrier des lecteurs. Merci