dimanche 5 avril 2009

le G20 et la crise : suite et fin... ou pas !



Je sacrifie à la tradition qui consiste à livrer sur le chaud des réactions à un évènement qui vient de se passer. En l'occurrence, le G20. Mayeul avait rédigé un post, se demandant si le sommet allait être si utile que cela. J'aurais tendance à dire, et certains éditorialistes ne s'y sont pas trompé, que tout dépend de ce que l'on entend par "utile".

L'edito du Monde considère que finalement, bien plus que les mesures économiques - dont au final pas grand monde n'attendait quelque chose -, c'est l'effet psychologique de voir autant de chefs d'Etat et de gouvernement réunis autour d'un projet commun qui constitue le succès du G20. Même si ce projet commun n'a rien de "positif" (nous ne construisons pas quelque chose, nous faisons en sorte que la crise ne se reproduise pas).

Georges Ugeux dans son blog "Démystifier la finance" développe cette opinion : soyons réalistes, sachons ne pas succomber aux effets d'annonce... sauf si cela restaure la confiance. Son article est très intéressant d'ailleurs, car assez froidement, il fait un point sur ce qui existe déjà et a été repris par le G20 (telle la liste des paradis fiscaux), et ce qu'il y a de nouveau - 250 milliards de dollars pour entretenir le commerce mondial.

Notons tout de même le blog de Jean-Marie Harribey pour Alternatives Economiques, qui s'inscrit assez radicalement contre ce constat, en terminant sur un point intéressant : le G20, enfermé dans sa bulle, ne voit pas le danger de ne pas prendre en compte les dimensions sociales de la crise. A mettre en regard avec un de nos posts : la crise prélude d'une guerre. Nous avons vu des manifestations parfois violentes à Londres, d'autres, qui l'étaient davantage, à Strasbourg. Comment, me direz-vous, l'OTAN et le G20, ce n'est pas la même chose ! Certes, mais ces sommest étaient des occasions pour les désespérés, les nouveaux chômeurs, les frustrés, ceux qui souffrent de la crise financière, d'exprimer leur rancoeur, leur peur ? Je vous laisse le soin de juger si mon propos est pertinent.

Plusieurs choses que je souhaite relever tout de même :

- A l'exception des établissements financiers internationaux (FMI et Banque Mondiale), je ne vois nulle part mentionner les banques privées. Si je peux comprendre que les dirigeants du G20 ne souhaitent pas plomber leurs propres banques, je m'interroge sur le sentiment d'impunité qui peut se répandre chez elles. Là encore, entendons-nous bien, il ne s'agit pas de faire une chasse aux sorcières, mais de bien leur faire comprendre qu'il leur faille changer leurs modes de fonctionnement (ce que certaines banques françaises ont encore bien du mal à percevoir...).

- Ne nous voilons surtout pas la face : effectivement, les enjeux importants sont ailleurs. Le G20 est de la "com utile". Je suis persuadé que les véritables changements - s'ils se réalisent - se passeront à l'échelle des Etats (peut-être de l'UE). Car au final, cette crise ne peut faire abstraction des enjeux de puissance. Et c'est normal : à quoi bon réformer un système sur lequel les économies de certains territoires dépendent à presque 50% (tel le Royaume-Uni).
Non, à mon avis, s'il est bon qu'il y ait une certaine prise de conscience chez les dirigeants des dangers du court-termisme et de flux financiers non-régulés, cela ne changera pas la donne fondamentale : les banques sont sur des échiquiers concurrentiels, et lorsque certaines sont très importantes, elles ont également une dimension géopolitique où se manifestent des enjeux qui les dépassent - même, et c'est intéressant, elles ont tendance à ne pas les voir.

Les banques françaises pourraient profiter de ce G20, de cette crise, pour ouvrir les yeux, redécouvrir la stratégie - au lieu du raid - et prendre en compte cette dimension "territoriale" de leurs fondamentaux. Il devient urgent qu'elles le fassent.

Matthieu

2 commentaires:

souklaye.sylvain a dit…

Je ne sais plus si ce sont les grandes manœuvres qui font les évènements majeurs ou l’inverse ?

Le spectacle qui va être donné dans les jours à venir est à mi-chemin entre la frape préventive communautairement individuelle et la désertion responsable votée à l’unanimité des participants.
Le paradoxe du consensus réside dans le fait d’offrir un visage universel à une infinité de particularismes territoriaux, tout en prêchant pour sa chapelle tout en stipulant que l’on connaît encore les rudiments de la guerre sainte.
Quand les mêmes personnes multifonction prétendent et claironnent régler toutes les crises, on peut se dire qu’il n’y a pas un problème de maladie, mais de diagnostic.

L’avenir de la guerre froide va s’appeler la paix palliative. La maladie humaine se condamne elle-même à la mise en bière depuis qu’elle a découvert que la boulimie était plus jouissive que l’obésité.`
La suite ici :
http://souklaye.wordpress.com/2009/04/01/bloc-note-le-bal-des-seconds-couteaux/

Matthieu a dit…

Bonjour Monsieur Souklaye,

Le consensus fait partie du jeu politique... voire des relations humaines tout court. Nous-même, à notre propre échelle bien sûr, nous le pratiquons certainement, car si vous étions franc avec tout le monde, il n'y aurait qu'affrontement. Il n'y pas problème de diagnostic. Les relations humaines sont très complexes, car les différences culturelles - entre autres - sont immenses.

Il n'y a pas de maladie humaine : nous sommes humains, avec nos travers mais également nos ressources et nos richesses. Il faut simplement en avoir conscience, en tenir comtpe dans nos propositions.

Il y toujous la possibilité de voir un verre à moitié plein ou vide. Nous avons pris le parti - peut-être à tort - sur ce blog de le voir à moitié plein, et nous nous efforçons de combler de manière constructive la partie manquante.
Je serais heureux de lire ce que vous proposez pour contribuer au débat.

Bonne journée,

Matthieu